INTERVIEW
Antidouleurs: comment mon pharmacien peut me conseiller?
Comme 42 % de la population, soit 2 Belges sur 5*, vous consommez des antidouleurs au moins une fois par mois ? Anne Vandegaart, pharmacienne chez Multipharma, vous guide pour une bonne (ou meilleure) prise de votre antidouleur pour vous et votre famille. Comme tout médicament, il y a des règles à respecter pour le bien de votre santé.
Comment se comportent les patients qui viennent chercher des antidouleurs en pharmacie ?
En matière d’antidouleurs, les patients savent généralement ce qu’ils veulent. À moins d’une prescription du médecin, leur choix n’est pas rationnel, c’est une question d’habitude. Chaque famille a sa molécule fétiche, paracétamol ou ibuprofène, et estime qu’elle est la plus efficace. Je constate aussi qu’il y a une banalisation de la prise des antidouleurs. On a tendance à oublier que ce sont des médicaments comme les autres, et qu’il faut donc prendre des mesures de précautions. Notre rôle en tant que pharmacien est très important. Nous devons vérifier par une série de questions qu’il n’y a pas de contre-indication pour le patient.
A quelles questions s'attendre quand on demande un antidouleur et pourquoi ?
La douleur est un signal d’alarme du corps pour dire qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Avant de traiter la douleur ou la fièvre, on doit donc s’assurer de la cause qui l’a déclenchée. Certaines molécules sont en effet plus indiquées que d’autres pour traiter une douleur et elles peuvent avoir des contre-indications ou des interactions avec d’autres médicaments. La première question qu’on pose c’est donc « Pour qui l’antidouleur est destiné, la personne elle-même ou un membre de la famille ? ». En effet, on ne traite pas une femme enceinte, une personne cardiaque ou un enfant de la même façon. Autre question que l’on pose : « Depuis quand durent les douleurs ou la fièvre, à quoi sont-elles dues ? » Tout cela peut sembler très intrusif, mais on doit s’assurer de ne pas passer à côté de quelque chose qui pourrait demander un avis médical.
Le patient a-t-il conscience qu'un antidouleur, ça peut être dangereux ?
Non pas vraiment. Il y a une banalisation de la prise des antidouleurs. Notre rôle en tant que pharmacien est d’être là en tant que garde-fous. La Belgique est encore un des rares pays en Europe où la délivrance des antidouleurs est réservée aux pharmaciens. On a malheureusement observé que le passage des antidouleurs vers d’autres canaux de distribution s’accompagnait d’une recrudescence des effets indésirables, des signalements aux centres antipoisons, et parfois une augmentation du nombre de décès liés à des surdosages.
On a tous une boîte d’antidouleurs dans son armoire à pharmacie. Quel est le danger de l’automédication ?
En tant que pharmacien, on se méfie de ce que l’on appelle les paracétamols cachés. On les retrouve dans les médicaments pour traiter la douleur, mais aussi les décongestionnants nasaux pour soulager la rhinite et la sinusite. Si vous prenez ce type de médicaments, lisez attentivement la notice. En cas de doute, parlez-en à votre pharmacien.
Quelles sont les questions à se poser avant de prendre un antidouleur ou anti-inflammatoire?
Il faut d’abord bien identifier sa douleur. Une douleur de type inflammatoire peut être associée à la rougeur, au gonflement et à la chaleur, une sensation d’irradiation. L’angine (la gorge rouge et chaude), les douleurs dentaires, les douleurs d’origine inflammatoires ou ligamentaires (entorse). Ces douleurs répondent bien à la prise d’anti-inflammatoires.
Peut-on alterner différents types d'antidouleurs ?
Oui, en cas de fortes douleurs, on peut alterner les prises de paracétamol et d’ibuprofène à condition de respecter le nombre de prises et leur espacement. Alterner veut dire que l’on conserve 4 heures d’intervalle entre la prise de la même molécule. Par exemple, on prend 4 fois par jour du paracétamol et 3 fois par jour de l’ibuprofène. On ne remplace donc pas un médicament par un autre, sinon on n’atteint jamais les doses optimales pour obtenir un soulagement efficace. Si dans l’intervalle, la douleur est soulagée efficacement avec du paracétamol, il n’y a pas de nécessité d’alterner avec de l’ibuprofène.
Peut-on prendre des antidouleurs de manière continue ?
Si vous souffrez de douleur chronique, vous devez consulter un professionnel de la santé pour surveiller l’évolution de la douleur et vérifier qu’il n’y a pas de contrindications qui viendraient s’ajouter au fil du temps. Il faut également faire un suivi de la prise de médicament : respecter les bons dosages, les bonnes fréquences… En cas de doute, votre pharmacien se tient à disposition pour répondre à toutes vos questions.
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